De fleur en fleur...

De fleur en fleur...

jeudi 12 février 2015

Cuillette de janvier/février : la mâche sauvage

Encore appelée "dooouuuucette", en traînant bien sur l'accent... :-)


Chronologiquement parlant, c'est une plante que vous pouvez cueillir en hiver (sauf si fortes gelées), et à peu près jusqu'en avril, moment de sa floraison. A partir de ce moment, elle devient plus râpeuse, plus ligneuse, moins douce à consommer et ne présente plus d'intérêt.
De manière générale, son seul intérêt est culinaire, elle n'a aucune propriété pharmacologique (si ce n'est de favoriser une digestion facile) ou tinctoriale. Mais au goût, il s'agit d'une des meilleurs salades sauvages, car elle est tendre, sucrée, contrairement à beaucoup d'autres dont l'amertume ou l'astringeance peut rebuter. Un petit goût de noisette aussi, peut-être.
Par contre, elle se mérite. Non qu'elle soit rare, mais elle est longue à cueillir.


Alors, sa petite fiche technique :
Nom latin : valeriana locusta (mais elle peut se présenter sous une douzaine d'espèces dans nos régions d'après François Couplan. Toutes comestibles et se ressemblant comme deux gouttes d'eau tant que les fleurs ou graines ne sont pas présentes).
Famille : valérianacées
Description : plante annuelle.
Petites rosettes (5 à 10 cm de diamètre). Feuilles opposées (en croix), plus allongée que celles de la mâche cultivée, spatulées (en forme de spatule donc), entières, parfois légèrement dentelées pour certaines variétés.
Les fleurs sont minuscules, bleu clair, roses ou blanchâtres selon les espèces, regroupées au sommet des tiges. Les graines germent en automne, ce qui permet à la doucette de croître éventuellement tout au long de l'hiver, selons les conditions climatiques.

Habitat : partout :-)
Entre les plate-bandes du jardin, dans les pelouses un peu sauvages, sur les bords des chemins et talus (si pas trop humides), terres en friche etc... Elle aime assez les sols sablonneux, je crois. Les terres pas trop lourdes.

Composition : riche en provitamine A (bêta-carotène), oméga 3 et potassium.



Confusions possibles
A ce stade de végétation, on peut la confondre avec le myosotis (même en fleurs d'ailleurs), ou certaines épilobes (épilobe hirsute notamment). Rien de grave dans un cas comme dans l'autre, puisqu'elles sont toutes comestibles. Myosotis et épilobe sont simplement nettement moins savoureuses.
Différenciation :
Le myosotis a des veuilles légèrement velues et plus "grasses", la mâche est lisse, et le vert de ses feuilles est un peu plus clair
L'épilobe a des feuilles légèrement plus rougeâtres, les nervures sont plus marquées
En outre, si on déterre une rosette, on s'aperçoit que la doucette tient nettement moins en terre que les deux autres. Sa racine est moins fournies que celle des autres, plus touffues et denses.




Comme pour toute cueillette, ce n'est pas plus mal de  le rappeler à chaque fois :

- Evitez les bords de route et de champs cultivés, les endroits pollués
- Evitez les cueillettes "industrielles" ne laissant aucune chance à une colonie de se développer

samedi 24 janvier 2015

Pluie d'été

j'aime
quand les nuages au ventre lourd
dépassent le détroit des grandes espérances
et crèvent leur espoir au-dessus des campagnes
qui déferlent de joie
à la tombée du jour 
 
j'aime
quand le ciel se délivre sur les arbres tendus
et les champs crevassés
j'aime quand la terre fume
j'aime quand la terre se donne et pleure et rit et chante 
buvant la source vive
pour que le blé enfante

j'aime
quand cette eau généreuse nous invente sa danse
quand elle s'insinue dans la glaise assoiffée
pour faire lever le grain et gonfler la rivière
quand elle jaillit, sauvage
en longs rires mouillés
de ses notes gracieuses caresse le feuillage 

alors
délice sans égal
j'offre aux gouttes de pluie mon visage en prière 
je me berce à sa voix délicate et légère
joyeux et vivifiant carillon de cristal
 

mardi 6 janvier 2015

Photosynthèse : elle est bien quantique

(Extrait de Sciences & Vie, avril 2014)

Un phénomène quantique expliquerait l'extraordinaire rendement de la photosynthèse chez les végétaux - qui convertissent 100% de la lumière -, disions-nous il y a trois ans. Des physiciens viennent de prouver que c'est bien le cas...


En avril 2011, nous vous rapportions ces résultats intrigants, laissant penser que les lois quantiques, que l'on croyait réservées à l'infiniment petit, pourraient jouer un rôle crucial en biologie et ceci, contre tous les paradigmes en vigueur. En particulier, plusieurs expériences suggéraient que le rendement proche de 100% de la photosynthèse chez les végétaux trouve sa source dans la capacité des antennes photosynthétiques (constituées de molécules photosensibles, les chromophores)  à propager les photons jusqu'à un site réactionnel (où un électron est libéré pour alimenter la chimie du vivant), en empruntant plusieurs chemins à la fois. Un peu comme le fameux chat de Schrödinger, un des fondateurs de la mécanique quantique (Rem : Schrödinger, pas son chat !), est susceptible d'être  la fois mort et vivant.

En janvier dernier, Edward O'Reilly et Alexandra Olaya-Castro, au collège universitaire de Londres, ont franchi une étape décisive dans la confirmation de cette hypothèse. Ils sont en effet parvenus à modéliser la manière dont l'énergie lumineuse, une fois absorbée par le complexe photosynthétique, chemine entre deux chromophores. Résultat : le phénomène en question est d'essence purement quantique.

Les spécialistes suivaient plusieurs pistes afin d'interpréter les résultats expérimentaux. Mais comme l'indique Alexandra Olaya-Castro, "en toute rigueur, il était impossible d'exclure que le phénomène puisse in fine trouver une interprétation dans le cadre de la physique classique". En adaptant des méthodes issues de l'optique quantique, les physiciens ont prouvé mathématiquement que l'efficacité du transfert de lumière à travers une antenne photosynthétique ne peut s'expliquer que si les niveaux d'excitation électronique des molécules impliquées se mettent simultanément dans plusieurs états à a fois. Ce que les physiciens appellent une superposition quantique.

"C'est un résultat extrêmement important", s'enthousiasme Greg Scholes,  à l'université de Toronto, l'un des premiers à avoir mis en évidence le possible caractère quantique de la photosynthèse. "Les outils théoriques mis en oeuvre ouvrent de plus la voie à une nouvelle génération d'expériences susceptibles de détecter une signature incontestable d'effets purement quantiques dans la photosynthèse." De quoi définitivement installer un des processus parmi les plus emblématiques du vivant dans le giron de l'étrange mécanique.

lundi 5 janvier 2015

Voici la forêt...

"Voici la forêt où les arbres perdent enfin leurs noms, où j'abandonne tout savoir, où je suis neuf et simple et nu, la forêt où j'aime aller recueillir à midi, tombant en paroles d'ombre sur mes mains, le dialogue des feuilles et de l'intarissable lumière, à la nuit une leçon de ténèbres sans larmes, sans terreur, la forêt, profonde parce qu'on vit en surface de la vie, mystérieuse parce qu'on en a chassé les dieux, terrible parce qu'elle est un premier degré de l'éternité.
Il reste à prendre le premier layon, à gravir la colline vers le bouquet d'ormeaux, à trouver, dans un vieux vallon, une yeuse un peu magique respectée par les bergers, à s'asseoir, à sourire, à écouter le vent."


PIERRE LIEUTAGHI

dimanche 4 janvier 2015

Baume à la racine de consoude officinale

Voilà déjà un an que je l'ai réalisé, mais je n'en ai vraiment apprécié les effets que récemment. J'ai donc décidé de partager cette recette super efficace.
Un de mes fils avait, depuis plusieurs semaines, un eczéma sur le pavillon de l'oreille qui lui causait des croûtes, des suintements, et lui occasionnait régulièrement des fissures très douloureuses et à vif dans le pli, un peu comme des crevasses. J'ai essayé plusieurs choses, notamment de l'argile, mais sans grand succès cette fois-ci. Normal... il n'y avait pas d'infection à évacuer ni de tissu à déterger, donc l'argile n'avait pas vraiment sa place.
Et puis j'ai eu l'idée d'utiliser le baume à la consoude et là, miracle, en deux à trois jours, plus trace ni des fissures, ni même de l'eczéma ! L'oreille est comme neuve. Dès qu'un peu de sécheresse commence à s'installer, je tartine d'un peu de baume, et le tour est joué !
La consoude est connue depuis toujours pour réparer et consolider les tissus, et ses effets dans ce domaine ne sont plus à démontrer. Un jour si je trouve le temps, je ferai une monographie complète sur la consoude, c'est une plante merveilleuse (parmi tant d'autres, on est bien d'accord...)

Donc, voilà, je vous partage la façon dont j'ai réalisé ce baume, si ça peut vous donner des idées.
Il vous faudra, pour deux pots format confiture :

- plus ou moins 100g de racine fraîche de consoude (voir plus bas)
- 250g d'huile végétale bio (moi j'ai pris olive, mais vous pouvez le faire avec une autre, tournesol par exemple)
- un cinquantaine de grammes de cire d'abeille (en paillettes ou en bloc brut)
- des pots en verre lavés et stérilisés et un filtre à café ou une étamine
- de la vitamine E pour la conservation
- de l'huile essentielle de Gaultherie couchée - Gaultheria procumbens (facultatif. Personnellement j'en ai utilisé car je voulais également utiliser ce baume à des fins de soulagement de douleurs articulaires et musculaires. Pour la cicatrisation, ce n'est pas indispensable)

Préparation :

1) déterrer quelques racines de consoudes, de préférence vers la fin de l'automne/début de l'hiver, quand il n'y a plus de parties aériennes et que tous les principes actifs se sont bien concentrés dans la racine. De préférence aussi en lune descendante, favorable à la récolte des racines. Bien les brosser et les nettoyer.
--> les racines sont noires à l'extérieur et blanches à l'intérieur, c'est normal. Il ne faut surtout pas les "peler" !!
--> Pour reconnaître la consoude : Consoude ou Consoude
Généralement, elle vit en grandes colonies, faciles à reconnaître. On peut aussi en transplanter dans son jardin, ce que j'ai fait voilà quelques années. C'est une plante tellement volontaire que vous serez vite envahis ! Mais vu tous ses bienfaits, que ce soit culinaires, thérapeutiques ou pour le potager...
Attention : pour la consommation, et à moins d'être sûr de vous, ne vous fiez jamais aux plantes non encore fleuries, parce que la confusion avec la digitale est facile !!!

2) couper les racines lavées en rondelles, les mettre dans l'huile végétale et les faire chauffer pendant environ 20 mn au bain-marie juste frissonnant (à feu très doux - l'eau ne doit pas bouillir)

3) laisser ensuite macérer pendant 12 à 24h dans un pot en verre propre et couvert

4) filtrer le macérat avec le filtre à café ou l'étamine (ça peut durer un moment, c'est fort épais. N'hésitez pas à presser l'étamine pour bien récolter tout le filtrat)

5) remettre au bain-marie sur feu doux, et ajouter la cire d'abeille que vous laisserez fondre

6) retirer du feu, ajouter quelques gouttes de vitamine E pour la conservation (pas obligatoire, mais si vous ne le faites pas ça se conservera moins longtemps et l'huile rancira)

7) verser dans les pots et laisser figer.

Personnellement je la conserve au frigo. La consistance froide est normalement bien solide. Si ce n'est pas le cas, réchauffer et rajouter de la cire d'abeille, jusqu'à obtention de la consistance désirée.

Indiquée pour la cicatrisation des petits plaies, les rougeurs et irritations de la peau, les douleurs articulaires ou musculaires (surtout avec l'ajout de gaulthérie couchée dans ce cas).
Pour la prochaine fois, je me suis dit que j'en préparais bien un pot avec de l'HE de lavande pour la cicatrisation et les rougeurs, ce qui ne peut qu'en renforcer l'efficacité.

Voilà comment se présentent les racines :